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 Une autre façon d'apprendre

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Akumatata
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Akumatata


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MessageSujet: Une autre façon d'apprendre   Une autre façon d'apprendre Icon_minitimeMer 10 Nov - 0:54

Pauline Gravel , Louise-Maude Rioux Soucy 10 octobre 2009 Santé
Au Québec, les enfants autistes reçoivent des soins spécifiques pour surmonter leurs difficultés d'apprentissage. Ceux-ci touchent principalement le comportement, la communication et l'interaction, des approches qui font parfois de vrais miracles, mais qui laissent encore trop d'enfants dans l'ombre. En effet, ces approches laissent en plan des besoins encore plus criants qui touchent à la perception, au traitement de l'information et aux émotions, croient Brigitte Harrisson et Lise St-Charles, qui ont fondé Concept ConsulTED.

Brigitte Harrisson parle en connaissance de cause. Cette autiste de haut niveau a mis au point l'approche Saccade, qui s'attaque en priorité aux déficits sensoriels des autistes. Pour entrer en relation avec le monde, l'humain utilise le toucher, la vue et l'ouïe, et fait appel à ses facultés motrices, cognitives et langagières pour les interpréter. « C'est comme une équipe de hockey, illustre Mme Harrisson. Chez vous, les neurotypiques, les passes se font sans que vous vous en rendiez compte. Nous, on a une équipe d'élite encore plus performante, mais qui ne fait pas de passes. On voit, on entend et on touche, mais on ne perçoit pas. »

Résultat: plusieurs enfants ne répondent pas aux approches intensives et restent prisonniers de leur bulle, déplore Lise St-Charles. « Les gens travaillent très fort en ce moment pour développer les habiletés sociales, c'est la grosse mode. Mais c'est une erreur fondamentale de se contenter de cela. Ils travaillent dans le haut de la pyramide alors que les autistes sont coincés dans le bas de celle-ci, dans le monde des perceptions. »

C'est un peu comme mettre la charrue devant les boeufs, poursuit cette spécialiste de l'autisme. « Ça fait des enfants qui peuvent dire "je veux du jus", mais qui sont incapables de dire "j'ai soif". Ils sont capables de dire qu'il est temps de manger quand Passe-Partout est terminé, mais ils ne savent pas qu'ils ont faim. Ils ne savent pas que le glouglou intérieur signifie qu'ils ont faim. Alors, si Passe-Partout passe le samedi matin à 8h et qu'il finit à 8h30, ils vont faire une crise si on ne leur donne pas à manger. »

Saccade est un programme d'adaptation qui vise à déverrouiller les facultés perceptives des autistes, souvent plus performantes que la moyenne, pour les aider à donner un sens à ce qui les entoure. Un projet-pilote démarrera sous peu dans une école montréalaise auprès d'un groupe d'enfants de quatre à sept ans. « L'idée, c'est de rendre l'enfant disponible aux apprentissages pour le retourner ensuite dans son quartier, une fois qu'il aura eu accès à son potentiel et saura comment l'utiliser. »

Cette approche fonctionne autant chez les tout-petits que chez les adultes. Mais attention, les résultats varient d'un individu à l'autre, et Saccade ne promet pas de miracles, insiste Mme Harrisson. « On ne guérit pas de l'autisme. On permet seulement aux autistes d'avoir accès à leur plein potentiel d'apprentissage, comme n'importe qui d'autre. » Elle cite l'exemple de cette petite fille de six ans qui, malgré des années de services intensifs, ne parlait pas, ne discriminait aucune information et n'avait aucune conscience de son environnement. Diagnostic: autisme avec déficit intellectuel profond.

« Soyons réalistes, cette enfant ne fait pas de phrases un an plus tard, raconte Mme Harrisson. Mais elle a commencé à dire des mots, à répondre au téléphone et à le passer à quelqu'un près d'elle. Elle a commencé à planifier. Elle peut ouvrir la lumière pour monter dans sa chambre. Et elle n'a aucun problème de déficience intellectuelle. »

Révéler des capacités intellectuelles cachées

L'équipe du Dr Laurent Mottron, spécialiste de l'autisme à l'hôpital Rivière-des-Prairies, a obtenu en mai dernier un important financement de la fondation Marcel et Rolande Gosselin pour développer des approches éducatives qui solliciteront elles aussi les capacités perceptives particulières des autistes par des projets-pilotes en collaboration avec le ministère de l'Éducation.

Actuellement, les méthodes thérapeutiques ou éducatives employées auprès des autistes n'utilisent qu'un système de punitions et de récompenses, qu'on appelle « l'intervention comportementale intensive ». « Cette approche s'appuie sur l'idée que le matériel auquel on expose les enfants n'est pas intéressant pour l'autiste, et donc qu'il faut le rendre intéressant en l'associant à une émotion positive, comme un bonbon », explique le Dr Mottron, qui remet en doute l'efficacité d'une telle approche.

Pour favoriser l'apprentissage du langage, l'équipe du Dr Mottron prévoit exposer les autistes à du matériel doté d'une certaine régularité, comme le langage écrit, que la perception des autistes capte très rapidement, souligne le professeur au département de psychiatrie de l'Université de Montréal. « On les amènera à manipuler du code écrit afin de mettre à contribution leur mémoire implicite, cette forme de mémoire qui s'acquiert à notre insu. Ainsi, par le simple fait qu'ils seront exposés à des formes régulières (des lettres, en l'occurrence), les autistes pourront mémoriser ces formes-là, et ce, même si le but de l'opération ne visera au départ qu'à reproduire des formes à l'aide de lettres, par exemple. »

Un autiste de deux ans qu'on oblige à faire quelque chose fera une colère terrible, fait remarquer le Dr Mottron. « Par contre, devant une caisse de jouets, il se mettra à faire des appariements, des séries par formes ou par couleurs. Si vous favorisez ces activités-là avec du matériel écrit, comme des lettres aimantées, vous le faites entrer dans un code, celui des lettres, dont il finira par détecter la régularité. Et à partir de là, on espère qu'il fera comme les autistes hyperlexiques qui passent quelques années à lire sans rien comprendre, apparemment, mais qui finissent par craquer le code. Et à l'âge de six ou sept ans, les autistes hyperlexiques réussissent à parler à partir de leur code écrit. »

Pour la conception de ces nouvelles approches éducatives, la neuropsychologue Isabelle Soulières, qui est membre de l'équipe du Dr Mottron, s'inspirera de certains éléments des matrices progressives de Raven, ce test qui mesure le raisonnement non verbal et auquel plusieurs autistes apparemment déficients obtiennent des scores particulièrement élevés. « Je cherche quels sont les éléments dans les matrices de Raven qui représentent les conditions optimales pour que les autistes révèlent et mettent en action leurs capacités intellectuelles cachées », indique-t-elle, avant de préciser que, dans les matrices de Raven, « il y a pour une part le fait que toute l'information dont on a besoin pour résoudre le problème est là, sur la feuille ».

« On n'a pas besoin d'aller chercher de l'information ailleurs. Il y a aussi le fait que l'information est structurée et organisée. Le test consiste justement à découvrir cette structure, cette organisation, pour pouvoir trouver l'élément manquant des séries. Toute information présentée de cette manière-là devrait aider les personnes autistes », fait valoir Mme Soulières.

Le succès que certains autistes apparemment déficients ont remporté aux épreuves complexes du test de Raven fait dire aux chercheurs qu'il n'est pas nécessairement bon de simplifier l'information, « de ne donner qu'une petite information à la fois ». « Je crois qu'il faut donner accès à plusieurs types de matériel et à plusieurs niveaux d'informations. Certaines personnes autistes ont appris à lire en regardant les encyclopédies de leurs parents. Cela ne nous serait pas venu à l'idée de donner une encyclopédie pour adultes à un enfant de quatre ans, alors que c'est justement ça qui peut déclencher l'apprentissage de la lecture chez un autiste », croit Isabelle Soulières.
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